Repenser les pratiques de programmation avec le covid-19

Un séminaire intitulé : «Repenser les pratiques de programmation» a eu lieu sur le site de la Motte Aubert, les 15-16 juin 2020.

Ce séminaire a été initié par Sylvie Violan du Carré-Colonnes et Stéphane Jouan de l’Avant-scène Cognac. Cette rencontre est née de l’envie de partager les envies et questionnements ayant émergé suite à l’annulation de la plupart des manifestations artistiques en raison de la crise sanitaire du COVID 19.

J’ai (Eliane Dheygere, de l’association A la Motte) accueillie la rencontre en présence de Cyril Jaubert de la Compagnie Opéra Pagaï, d’Elisabeth Sanson du festival Chahuts, de Joël Brouch de l’OARA et d’Aurore Stalin de Slow Danse.

Tout en capitalisant sur l’émulation, les questionnements et les envies qui ont émergé avec la crise du COVID, il s’est agit de réfléchir à des nouvelles manières de repenser la programmation.

Ce séminaire a été coordonné par Mathilde Elie de Latitude créative. Mathilde était déjà venue animer deux journée d’interconnaissance pour les habitants et usagers de la Motte Aubert, à la suite desquelles l’association A la Motte a été créée.

Elle a utilisé la méthode du co-développement : une problématique est énoncée par une personne ; les autres posent des questions pour vérifier qu’ils et elles ont bien compris ; freins, points de vigilance et idées sont ensuite partagés.

Un exemple de problématique :

  • Comment faire coopérative avec la communauté du lieu ?
  • Comment repenser l’économie des projets (et pas seulement artistiques) ?
  • Comment faire la part entre son parcours personnel et le lien avec les autres co-programmateurs et le public
  • Que veut dire «exigence artistique» ?
  • Voir un Tiers-lieu comme une zone de fuite hors institution qui permet de prendre des libertés, un lieu de vie et d’invention, transdisciplinaire et hybride
  • Cultiver les singularités plutôt que d’essayer de rentrer dans des cases
  • C’est le décalage qui permet le pas de côté
  • Coopérer avec les institutions plutôt que d’y recourir dans une politique de guichet
  • Comment changer les modalités de financement, les alléger ?

Et les quelques freins :

  • Présupposé qu’il faut être éduqué pour voir des propositions plus «pointues»
  • Envie de propositions artistiques festives, mais aussi que l’art puisse déranger (= sortir les gens de leur zone de confort)
  • Autocensure
  • On s’enferme parfois dans l’idée de «service à rendre» plutôt que d’explorer des alternatives
  • Il est parfois difficile de lâcher prise

Les points de vigilance :

  • Eviter la tentation de vouloir reproduire ce qu’on faisait ailleurs dans un nouvel endroit
  • Etre dans l’ESS ne veut pas dire mal payer les gens
  • Une confiance bilatérale est nécessaire : pour le public dans la générosité du geste et de la proposition ; pour le programmateur dans la force de sa proposition

Et quelques idées :

  • Remettre au centre le fait de «vivre» plutôt que programmer
  • Prévoir des espaces/temps pour une rencontre avant de voir l’oeuvre et parler de ce qu’on a vu après
  • Changer les codes et les habitudes (horaires et lieux inhabituels), notamment pour les propositions dont les gens n’ont pas l’habitude
  • Faire les propositions les plus pointues dans des contextes moins intimidants (où on a la possibilité de ne pas regarder, de s’en aller, de dire qu’on n’a pas aimé…)
  • Les institutions pourraient prendre appui sur les Tiers-lieux pour des projets artistiques plus spontanés
  • Organiser des résidences sans enjeu (on y vient se ressourcer, rencontrer, vivre)
  • Mettre les artistes à la table des décisions
  • Faire se rencontrer des communautés différentes
  • S’inspirer des coopératives agricoles (la réussite des uns est favorable aux autres)
  • Réaffirmer la notion de «laboratoire» (donc droit à expérimenter)
  • Favoriser la convivialité, la chaleur humaine
  • S’inspirer du fonctionnement de la nature et des plantes
  • Mettre en place des ateliers de pratique mixtes pour expérimenter

Conclusion

Ce séminaire a eu le mérite de mettre à jour mes principales interrogations liées à la mise en place du nouveau projet artistique de la Motte Aubert et de mieux cerner comment nous pouvons continuer le travail de façon encore plus constructive avec la commission « vie artistique de l’association ». Et ceci, tout en garant les valeurs et les acquis de ce qui a été formidablement engrangé par la compagnie Autour de Peter qui reste associée au projet.

Laetitia, Cécile, François, Gonzalo et tous les volontaires d’À la Motte, on s’y met ?

1 réflexion au sujet de « Repenser les pratiques de programmation avec le covid-19 »

  1. Chouette ce séminaire, des problématiques et intérêts pertinents pour avancer concrètement sur ce vaste projet artistique. Merci pour cet article Eliane !

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